Sept jours en camping d’hiver en complète autonomie

Sept jours en camping d’hiver en complète autonomie

Il fait -31°C au réveil ce matin. Probablement 10 degrés de moins avec le facteur éolien. La majorité des gens vont rester à la maison aujourd'hui. Mais moi, je m'en vais en camping d'hiver. 

Je n’ai jamais fait de camping d’hiver avant aujourd'hui et je pars pour sept jours et six nuits, dans la Vallée Bras-du-Nord. 

J’étudie en tourisme d’aventure pour devenir guide d’aventure et l’expédition hivernale est un incontournable dans le programme. Ce matin, je me dis que même si nous sommes bien préparés, honnêtement, je trouve que sept jours c’est un peu long. J’aurais coupé ça à cinq jours.    

Photo par Camille Gonthier  

Après avoir mis tous les traîneaux et les gros sacs à dos dans les voitures, nous prenons la route jusqu’à l’accueil Shannahan de la Vallée Bras-du-Nord. À la sortie des voitures, le vent glacial nous fouette le visage. C’est parti, après avoir traversé le pont de la rivière, nous nous dirigeons vers le nord, dans un endroit hors-piste où nous passerons deux nuits. En tant que groupe, nous avons eu les autorisations pour camper sur le territoire dans un endroit non aménagé. Même s’il fait très froid, les traîneaux chargés que nous tirons, le poids de nos sacs à dos ainsi que le soleil nous réchauffent rapidement.  

Malgré le peu de distance qui nous sépare de l’accueil, il faut quelques heures pour arriver à l'endroit choisi, assez proche de la rivière pour avoir accès à l’eau. Les guides du jour identifient les emplacements où nous nous installerons. L’avantage du camping d’hiver est que nous pouvons construire des structures en neige : des comptoirs pour cuisiner nos bons repas, une banquette autour du trou de feu et un banc pour enlever nos bottes à l'entrée de la tente! Comme nous avons seulement deux nuits au premier camp, notre cuisine était plus rudimentaire. Par contre, nous avons vraiment amélioré la cuisine au deuxième camp.  

La cuisine sous la bâche au premier camp 

La cuisine au deuxième camp 

La première soirée et la première nuit s’annoncent glaciales. Les températures doivent remonter seulement le lendemain. Notre tentative d’allumer un feu ce soir-là a été un retentissant échec dont on a pu rire lors des derniers jours de l’expédition, bien au chaud devant ceux qu'on a réussi. 

Heureusement, pour la nuit nous sommes bien préparés et nous savons quoi faire! Manger, aller aux toilettes (on gèle quand on a envie), bouger pour réchauffer notre corps avant d’aller se coucher et même une gourde remplie d'eau bouillante enveloppée dans un bas de laine pour se faire une bouillotte. Nous avons plusieurs astuces qui nous permettent de passer une bonne nuit dans nos sacs de couchage et sur nos matelas adaptés aux températures très froides.  

C’est sous la neige que nous nous réveillons. Des températures moins froides sont prévues pour la journée. La sortie du sac de couchage glace la peau, surtout à 5h30 du matin alors que le soleil n’est pas encore levé. Malgré tout, nous avons tous passé une bonne première nuit. Après un bon déjeuner plein de calories pour aider notre corps à combattre le froid, nous partons pour la journée faire le sentier de la Boucle de la hauteur. Il n’a toutefois pas été facile de cuisiner au froid. Nous avons eu de la difficulté à partir les brûleurs et l’eau prend du temps à bouillir. Le feu ce soir-là est déjà mieux que celui de la veille et la nuit est moins froide.  

Le troisième jour est arrivé. Il est temps de ramasser le camp, détruire toutes les constructions son de ne pas laisser de traces de notre passage #LeaveNoTrace et de se diriger vers un autre secteur pour y passer les quatre autres nuits. Le trajet, en montée et dans la grosse neige poudreuse encore vierge, s’avère plus long que nos prévisions. À plusieurs reprises, nous devons détacher nos traîneaux, taper le sentier avec nos raquettes et redescendre les chercher pour réussir la montée. Le soleil et la température qui se réchauffe nous donnent le sourire. 

Encore une fois, nous prenons le temps de construire des structures qui nous faciliteront la vie pour les prochains jours en plus d'aménager l’accès à l’eau de la rivière et nos sites de tente.  

Les journées se suivent mais les activités ne se ressemblent pas. Nous avons construit un quinzhee, fait du ski-raquette (ski hok) et fait une journée d'orientation avec carte et boussole. En tant que guides d’aventure en devenir, chacune des journées nous sert à acquérir des connaissances et développer plusieurs compétences reliées à notre futur métier.  

Le tas de neige compactée pour le quinzhee 

On creuse le quinzhee en se fiant à la longueur des bâtons 

La routine avant de se coucher reste toutefois la même peu importe la journée! C’est d’ailleurs ce qui fait le succès d’une expédition d’hiver. Avant d’entrer dans la tente, c’est la même chose : manger, aller aux toilettes et bouger. Pour se préparer à dormir, nous changeons nos vêtements – souvent au chaud dans notre sac de couchage, ou au moins, à l'intérieur de la tente. Les vêtements secs du lendemain et tout ce qui peut geler (verres de contact, cellulaire, batterie de rechange, etc.) sont conservés avec nous, au chaud, dans notre sac de couchage. Nous enlevons les feutres des bottes et nous les mettons aussi dans le sac de couchage, s’ils ne sont pas humides. Dans le cas contraire, on les place sous le sac de couchage pour les empêcher de geler. Nous brossons les bottes pour enlever toute la neige. Elles aussi se retrouvent sous notre sac de couchage pour que la chaleur du corps les empêchent de geler. Tous ces petits trucs sont testés, approuvés et assurent un levé pas trop difficile!  

Lorsqu’arrive le dernier jour, je me dis que, finalement, ça passe vite sept jours en camping d’hiver!  Nous avons survécu à une grande gamme de températures et de conditions : de -30°C à 4°C, du soleil, des nuages, des chutes importantes de neige et de la neige mouillée. Avec le recul, les journées plus froides, autour de -10°C à -15°C sont les plus faciles en termes de gestion de l’humidité et du froid.  

Avec une bonne préparation et les bons équipements, le camping d’hiver est facile et très plaisant! Si l’expérience vous interpelle, vous pouvez faire appel à un guide d’aventure qui vous aidera dans votre future expédition!   

Gabrielle Pilote

Retour au blog

Collection Côte-Nord

Découvrez notre collection d'autocollants ayant comme thématique la Côte-Nord, en collaboration avec Tourisme Côte-Nord ! Cette collection de six autocollants vous propose de partir à la découverte de six randonnées inoubliables, chacune située dans l'une des six MRC de cette région magnifique.